|  Belle  enfant, Der liebe Gott hat einem sohnUnd dieser heisst Napoleon
 (Dieu le Père a-t-un fiston,
 Qui s’appelle Napoléon)
 Chantaient  les conscrits d’Alsace le long des routes, " Napoléon le grand "  comme l’appelaient ses ennemis, " Napala " comme disaient sans façon les vieux  soldats, a toujours gardé en Alsace une grande popularité ; il avait tant  de fois rossé les Kaiserlicks ! Aucun souverain dans l’histoire ne semble  pourtant avoir demandé plus de sacrifices à ce beau pays, aucun dont les  conquêtes n’aient coûté tant de vies humaines. Qu’importe, c’était un être  surhumain et presque d’essence divine ainsi que le chantaient les conscrits  dont je vous parlais plus haut. Hélas, quand Napoléon partit pour  Sainte-Hélène, l’Alsace tout entière tomba aux mains des alliés. Et il fallut  attendre 1818 pour voir les garnisons étrangères quitter successivement le pays  en emportant, vous le pensez bien, mille objets divers à titre de souvenirs.  Mais le plus fort était qu’à l’entrée du pont du Rhin, près de Sponeck, on  avait installé une balance. Tout Allemand rentrant en Alsace y devait faire  vérifier son poids et gare au troupier qui ne pesait pas les cent kilos  obligatoires. Demi-tour, criait le major réglementairement épais qui veillait  sur l’embonpoint des grenadiers. Et ces derniers repartaient du pied gauche se  refaire un peu de lard aux dépens de notre chère Alsace ! Vous  comprenez, bien chère, que si nous les raccompagnons jusqu’au pont cette  fois-ci, nous nous arrangerons pour qu’on ne les chicane pas trop sur leur  volume quitte à ajouter du plomb pour faire bon poids.                                                                                                                                      Votre  grognard d’Empire |