|      Lundi 16  février - Cet après-midi, conversation avec Madame Le Fenil au sujet de  l'émission Librairie de poche, émission à laquelle participaient son Le Fenil  et quelques caves. D'après ces penseurs, 80 % des écrivains sont des  professeurs qu'on reconnaît - selon Le Fenil - à leur “ronron” professionnel.  Au sujet du duo Goncourt : " un dialogue de gâteux ", tranche Juliette,  lectrice chez Achille L. La Juliette craint que L. ne tombe entre les mains de  H.-distribution, trouve que Le Parvis loge dans des bâtiments minables et  attend impérieusement " un manuscrit " de ... moi. Mais encore convient-il  d'être au niveau du style de ces écuries de renom : " nous buvions du vin frais  au bord d'une colline ", comme écrit bucoliquement la petite Simone mignonne,  ex-stagiaire d'agreg. au lycée Papi.     16  février - " Nous attendons votre manuscrit ", me disait donc la lectrice de  chez L., épouse d'un Prix Interallié. Les Le Fenil ont un chalet dans les  Pyrénées, font du ski, détestent les bourgeois du 8e, n'aiment pas la gauche en  peau de vison. En l'an 1955, Le Fenil avait acheté un petit terrain  (investissement capitaliste ?) aux Eaux-Bonnes, où siègent quelques nobles  fauchés au milieu d'Anglais aussi désargentés que dépaysés. L'épouse Le Fenil,  profil faucon-chasseur, rameute les grévistes pour défendre un agrégé de  sciences naturelles� maoïste, ex-élève du  lycée Papi, 24 ans, le train sur le banc des écoles depuis sa naissance. Vas-y,  Juliette, pends-toi, petite coquine, tu tomberas sur le dos quand tu seras plus  grande ...     Vendredi  13 mars - M. Davier, le dentiste, ne comprend pas les nouveaux contestataires :  " De mon temps, à l'Ecole Dentaire, Place St-Sulpice, on avait foutu à l'eau un  de nos profs qui était trop autoritaire : on voyait plus que les bulles qui  venaient crever à la surface ". |